Difficile de croire à une simple coïncidence : alors que l'Assemblée nationale se prépare à examiner les dispositions du projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) concernant la prévention et la santé publique (dont notamment l'interdiction de la vente d'alcool aux mineurs) et qu'un intense lobbying est en cours pour essayer d'obtenir un assouplissement de la loi Evin, Michel Barnier et Hervé Novelli ont installé, le 3 mars, le Conseil supérieur de l'oenotourisme. Le président en est Paul Dubrule, co-fondateur du groupe Accor et ancien sénateur-maire de Fontainebleau. A la demande du gouvernement, ce dernier avait remis, en avril 2007, un rapport sur la valorisation des produits et du patrimoine vitivinicoles qui préconisait de tirer un meilleur parti du potentiel touristique de la viticulture. La proposition a été reprise dans le plan de modernisation de la filière vitivinicole française, adopté lors du Conseil des ministres du 29 mai 2008. Celui-ci préconisait notamment de "développer l'oenotourisme, dans l'optique de créer des débouchés par une commercialisation directe, notamment des vignerons indépendants, mais aussi des coopératives, et renforcer l'attractivité des territoires".
Le Conseil supérieur de l'oenotourisme aura donc pour vocation de réunir des représentants des professionnels de la viticulture et du tourisme, afin de "créer une dynamique collective permettant de développer et de valoriser l'oenotourisme en France". Le ministre de l'Agriculture et le secrétaire d'Etat chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des services lui ont d'ores et déjà fixé cinq objectifs à mettre en oeuvre dès cette année. Les deux premiers concernent la création d'un label "Vin et patrimoine" et la mise en place d'un Prix national de l'oenotourisme. En matière d'organisation, le Conseil est chargé de mener une réflexion sur la formation initiale et continue des acteurs, ainsi que sur les actions à mettre en oeuvre pour assurer une meilleure information des opérateurs. Enfin, le Conseil proposera des mesures pour améliorer la mise en réseau et la publicité des opérations existantes.
S'ils ne sont pas toujours en phase avec les préoccupations de santé publique, les enjeux de l'oenotourisme sont loin d'être négligeables. Une étude déjà ancienne (2001) - citée par le rapport Dubrule - évaluait ainsi à 7,5 millions de personnes, dont 2,5 millions d'étrangers, la fréquentation totale des caves. Près de 90% de ces visiteurs sont aussi des acheteurs, dont 50% consacrent au moins 78 euros à l'achat de vins et 25% plus de 150 euros.
Jean-Noël Escudié / PCA
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