La France peine attirer les projets d'investissements internationaux

May 2024 · 4 minute read


"On résiste, mais cela s'effrite et on voit bien que l'attractivité de la France est à l'épreuve." D'après le sénateur du Bas-Rhin, également président d'Alsace International, André Reichardt, l'Alsace a de plus en plus de difficultés à attirer des investisseurs étrangers. "Auparavant, nos atouts, concernant notre positionnement géographique, notre main-d'oeuvre très qualifiée et notre biculturalisme faisaient la différence, maintenant l'Alsace n'échappe plus à la règle", explique ainsi le sénateur.
Car l'Alsace ne fait malheureusement pas figure d'exception. Le rapport 2012 de l'Agence française des investissements internationaux (Afii), publié le 4 avril 2013, témoigne de cette difficulté qu'a la France à attirer de nouveaux projets issus de l'international. Au total, en 2012, 693 nouveaux projets d'investissements étrangers ont été réalisés en France, qui ont créé 25.908 emplois, contre 782 projets en 2011, et 31.815 emplois. De plus, le nombre moyen d'emplois créés ou maintenus par les projets est inférieur au niveau observé ces cinq dernières années. Il s'élève en 2012 à 37, contre 40 en 2011 et 60 en 2006… D'après l'Afii, ces chiffres s'expliquent par "une tendance à l'implantation dans les pays d'Europe centrale et orientale de projets intensifs en main-d'oeuvre, l'effet de la crise économique, qui a conduit les investisseurs à réduire l'ambition initiale de certaines projets", mais aussi par "un nombre plus élevé de projets de petite taille". 402 projets d'une taille inférieure à 20 emplois ont ainsi été recensés en 2012, soit 58% de l'ensemble des projets. En 2010, ils comptaient pour 54% et en 2007 pour 42%... "Maintenant quand on fait venir une entreprise, elle correspond davantage à 10 ou 20 emplois qu'à 50 ; 100 salariés, c'est extraordinaire, précise André Reichardt, et il faut proposer beaucoup d'aides aux entreprises pour qu'elles acceptent de venir !" Pour le sénateur, les difficultés viennent aussi d'une mauvaise image de la France. "La productivité de la France est reconnue difficile, sans parler de la compétitivité, détaille-t-il. Le départ de Gérard Depardieu par exemple a aussi été dramatique pour l'image de la France. Et pour 2013, on ne voit pas comment la tendance pourrait s'inverser…"

Forte hausse des investissements chinois

La région Alsace fait pourtant partie des six régions qui accueillent ensemble 71% des nouveaux investissements recensés en France en 2012. Les cinq autres sont l'Ile-de-France, les régions Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nord-Pas-de-Calais. Et chacune a ses spécificités. Si on fait la répartition des projets par fonction et par région, l'Ile-de-France montre ainsi sa prédominance en matière de fonctions de "centres de décision". 64% de ces projets étrangers ciblant la France s'implantent ainsi dans la région. La région Rhône-Alpes, elle, se distingue davantage dans l'accueil des projets de production et de logistique, recevant 22% du total national. Pour la région Midi-Pyrénées, ce sont surtout les projets de R&D (20%), pour la région Paca aussi, dans une moindre mesure (10%), avec des projets relevant des services aux particuliers (10%). Les régions Alsace et Nord-Pas-de-Calais accueillent quant à elles chacune 10% de l'ensemble des activités de production décidées par les entreprises étrangères. 58% des investissements internationaux en France sont issus d'un pays européen (contre 65% en 2010). Les entreprises venant d'Amérique du Nord comptent pour 26% du total, contre 22% en 2010, et celles d'Asie pour 12%.
Les Etats-Unis sont toujours au premier rang des investisseurs étrangers en France, avec 156 décisions d'investissement en 2012. Ils sont à l'origine de 23% de l'ensemble des investissements étrangers créateurs d'emploi recensés dans l'Hexagone.
L'Allemagne se situe en deuxième position, avec 113 projets d'investissements, en baisse de 6% par rapport à 2011. Viennent ensuite l'Italie (63 décisions) et la Suisse, malgré une forte baisse des décisions (- 15%). Les Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) sont quant à eux à l'origine de 8% de l'ensemble des projets décidés en 2012, contre 6% en 2011 et 1,5% en 2010. Cette forte progression est due aux investissements chinois (+ 35% par rapport à 2011) et russes (+ 100% par rapport à 2011). Les investissements de ces deux pays représentent, respectivement, 58% et 19% de l'ensemble des projets décidés par les entreprises des Bric en France en 2012.

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