Associations, mutuelles, coopératives et fondations : l'économie sociale représentait 2,6 millions d'emplois en 2006, soit près d'un salarié du secteur privé sur sept, pour 210.000 employeurs. "Un enjeu économique et social majeur", insiste le Centre d'étude et de recherche sur la philanthropie (CerPhi), dans son rapport 2007, "La France associative en mouvement". Dans certains départements, le secteur est encore plus prépondérant. C'est le cas des Deux-Sèvres où il emploie un salarié du privé sur cinq !
Tirée par le fort développement des fondations (+36% ces six dernières années), l'économie sociale est en plein essor : le nombre d'employeurs a augmenté de 5% entre 2000 et 2006. Ce sont les associations qui tiennent le haut du pavé avec plus de la moitié des emplois (1,7 million). Elles ont d'ailleurs connu un record en 2006 avec plus de 70.000 créations. En six ans, le nombre d'emplois y a progressé de 14%, soit près de 212.000 nouveaux postes. L'évolution a tendance à se détourner des secteurs traditionnels (éducation santé ou activités sportives) qui n'enregistrent qu'une hausse de 5%, pour aller vers les métiers d'avenir comme les services à la personne. L'aide à domicile a ainsi connu un bond spectaculaire, progressant de 67% en six ans. Les activités artistiques ou l'aide aux personnes handicapées ne sont pas en reste (42% et 38%). Edith Arnoult-Brill, présidente du Conseil national de la vie associative souligne ainsi "le rôle essentiel des associations en matière de réponse aux besoins de proximité, de capacité à investir les territoires désertés par d'autres acteurs économiques et sociaux, voire par les pouvoirs publics".
Risque d'embouteillage
Le phénomène est très marqué en Poitou-Charentes, selon le rapport, où près d'un salarié sur dix du secteur concurrentiel est employé dans une association. Si collectivement, elles jouent un rôle estimable pour la cohésion sociale, l'emploi et le développement des territoires, prises individuellement, elles sont encore fragiles, insiste le CerPhi qui craint un effet d'embouteillage. Plus de la moitié des associations sont des employeurs modestes, avec moins de trois salariés. "Aujourd'hui, les pionniers de ce secteur se trouvent menacés dans leurs propres activités." "Soyez présents, punchy, capables de développer des activités nouvelles", a d'ailleurs martelé Martin Hirsch, le haut commissaire aux solidarités actives, en ouvrant, jeudi 4 octobre, à Saint-Denis le deuxième Forum national de l'emploi dans l'économie sociale et solidaire, où a été présenté le rapport. Une situation d'autant plus précaire que la ressource bénévole se fait rare et que les financements, certes en hausse, des collectivités publiques n'est pas inépuisable, insiste le CerPhi. "Allons-nous vers une concurrence de plus en plus vive entre ces associations, ce qui remettrait en cause l'espérance de vie de nombre d'entre elles ?", se demande le centre. Dans le seul domaine sportif, 60% des clubs ont disparu en dix ans. Très dépendantes des dispositifs d'aide à l'emploi, les associations sont rendues très vulnérables par les changements de politiques (comme la suppression des emplois jeunes), alors que le budget 2008 annonce des coupes dans les contrats aidés. Une aubaine se présente toutefois avec le dispositif du Chèque emploi associatif. Parmi les associations concernées (moins de trois équivalents temps plein), elles ne sont encore qu'une sur cinq à l'utiliser.
Michel Tendil
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