L'association Vélo & Territoires vient de publier l'édition 2024 des atlas vélo régionaux qui propose un état des lieux des politiques cyclables menées dans les régions qui adhèrent à son réseau (12 régions métropolitaines sauf l'Occitanie). À travers différentes infographies et cartographies, ces atlas exploitent l'essentiel des données disponibles pour proposer quelque 70 indicateurs dans six thématiques (part modale, véloroutes, fréquentations, accueil vélo, stationnements, aménagements). Ils servent ainsi de tableaux de bord pour analyser les évolutions au sein de chaque région et permettent les comparaisons entre régions.
Déplacements domicile-travail à vélo : trois régions dans le peloton de tête
Pour les déplacements domicile-travail, c'est la région Pays de la Loire qui présente la plus forte part modale vélo selon les chiffres Insee 2020, avec 3,8% des répondants déclarant utiliser le vélo pour leurs trajets. Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes suivent de près avec 3,6% chacune. "Les écarts sont toutefois importants entre les départements de ces régions", relève Vélo & Territoires, qui l'attribue à "la fracture urbaine-rurale". Dans les Pays de la Loire, le département de la Loire-Atlantique affiche ainsi une part modale de 4,5% (portée par Nantes) alors qu'elle n'est que de 1,9% en Mayenne. En Auvergne-Rhône-Alpes, elle s’élève à 5,3% dans l’Isère (portée par Grenoble) et à seulement 0,8% dans la Haute-Loire. Dans le Grand Est, la collectivité européenne d'Alsace enregistre 6,2% contre 0,9% en Moselle. Cette thématique des atlas sera actualisée à l’automne après la publication des données du recensement Insee de 2021, indique l'association.
Schémas régionaux de véloroutes
Concernant les véloroutes, le Schéma national, dans sa nouvelle mouture 2023, est réalisé à 82,5%, rappelle-t-elle. Les Pays de la Loire sont la seule région à avoir achevé l’intégralité du linéaire inscrit sur leur territoire. Trois autres régions ont entièrement réalisé leurs itinéraires EuroVelo et présentent un taux de réalisation de leurs itinéraires strictement nationaux très avancé : la Bourgogne-Franche-Comté (94,7%), la Bretagne (87,5%) et la Normandie (86,1%). Sur les quelque 1.100 km de linéaires réalisés en 2023 sur les schémas régionaux de véloroutes, plus de la moitié sont concentrés sur trois régions : 319 km en Occitanie, 276 km en Nouvelle-Aquitaine et 210 km en Provence-Alpes-Côte d'Azur, note Vélo & Territoires.
Fréquentation : l'Île-de-France loin devant
En 2023, la fréquentation vélo a augmenté de 5% par rapport à 2022 au niveau national, rappelle l'association mais cette tendance varie selon les régions. Si neuf des douze régions analysées affichent des évolutions positives ou stables, trois sont en léger recul. En tête de classement, la région Île-de-France enregistre une hausse de 11% des passages de vélos par rapport à 2022. Elle est suivie par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, toutes deux à égalité avec une augmentation de 4%. "Ces résultats globaux doivent cependant être interprétés avec prudence car ils dépendent fortement de l'emplacement des compteurs partagés (milieu urbain, périurbain ou rural)", relativise Vélo & Territoires qui, en complément des atlas régionaux, publie les tableaux de bord sur la fréquentation 2023 de 23 itinéraires cyclables (EuroVelo ou nationaux) et un tableau de bord national.
8.500 prestations labellisées Accueil vélo
Fin 2023, la marque Accueil Vélo, qui vise à garantir des services de qualité auprès des cyclistes le long des itinéraires touristiques, comptabilisait 8.500 prestations labellisées. Mais leur répartition géographique est inégale, avec une concentration principalement marquée le long de quelques itinéraires nationaux. Au palmarès des régions, l’Auvergne-Rhône-Alpes affiche la plus forte densité de prestations labellisées (0,06 prestation au km²), devant la Normandie et Provence-Alpes-Côte d'Azur (0,04 prestation au km²). Côté itinéraires nationaux, l'EuroVelo 6 - Véloroute des Fleuves est la mieux dotée (0,09 prestation au km²) portée par La Loire à Vélo, berceau de la marque (0,13 prestation au km²), suivie de l'EuroVelo 8 - La Méditerranée à vélo et de l'EuroVelo 17 - ViaRhôna (0,09 et 0,07 prestation au km² respectivement). La stratégie nationale du tourisme à vélo initiée récemment (lire notre article) prévoit d'atteindre 20.000 établissements labellisés à l’horizon 2030.
Stationnement vélo : les communes de la région Grand Est sont les plus équipées
En matière de stationnement vélo, les données OpenStreetMap de juin 2024 montrent que les communes de la région Grand Est disposent de la plus grande densité d’équipements avec une moyenne de 19,4 places de stationnement pour 1.000 habitants. Viennent ensuite les régions Pays de la Loire et Île-de-France avec respectivement 18,8 et 17,1 places de stationnement pour 1.000 habitants. Quant au stationnement sécurisé pour les vélos en gare, seules 46% des 1.133 gares ciblées par le décret d'application de la loi d'orientation des mobilités (LOM) atteignent ou dépassent les objectifs fixés par la loi au 1er janvier 2024. Vélo & Territoires recense 39.315 places de stationnement sécurisé déployées à proximité des gares concernées par le décret, avec une situation variable selon les régions : les objectifs sont atteints dans plus de 80% des gares ciblées dans les Pays de la Loire, en Centre-Val de Loire, dans le Grand Est et en Bretagne tandis que les régions Bourgogne-Franche-Comté et Hauts-de-France sont à la traîne.
Aménagements cyclables : la Bretagne investit le plus
Côté aménagements cyclables, on dénombre en moyenne 1,86 mètre linéaire de voirie cyclable par habitant en 2023 au niveau national. La Bretagne est la région qui a le plus investi sur les infrastructures avec 2,83 m/habitant, suivie par les régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire (2,44 m/habitant chacune). Quant à la "cyclabilité" de la voirie (rapport entre les linéaires de toute la voirie cyclable et de la voirie totale), Vélo & Territoires note qu’à l’échelle nationale 3,9% de la voirie peut être considérée comme cyclable. "Ce sont logiquement les régions les plus urbaines qui se distinguent : l’Île-de-France frôle les 10%, devant les Hauts-de-France (5,5 %) et le Grand Est (5%)", détaille l'association.
› Un contrat de filière entre l'État et France VéloLe ministère chargé des Transports a annoncé ce 28 juin la signature d'un contrat de filière entre l'Etat et les membres fondateurs de France Vélo*. Objectif affiché par les partenaires : "favoriser les coopérations entre les acteurs économiques du vélo pour renforcer et valoriser l’ensemble de l’écosystème vélo français". "Ce contrat constitue une réponse au besoin de développement d’une filière économique du vélo exemplaire, capable d’accompagner le développement du vélo partout en France", souligne le ministère. La filière a défini 16 projets prioritaires qu’elle souhaite mettre en œuvre avec le soutien de l’État et de ses agences dans les trois années à venir, et six projets à plus long terme, autour de quatre axes - réindustrialisation et innovation, transition écologique, "attractivité de la destination France" et des emplois et des formations et évaluation et communication. Parmi ces projets, le développement de l’assemblage de cycles en France, le renforcement des dispositifs de formation ou encore le développement de l’usage du vélo dans les trajets domicile – travail. *Association de promotion et d'identification des cycles et de la mobilité active (Apic), Club des villes et territoires cyclables et marchables, France Vélo Tourisme, Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), Union Sport & Cycle (USC), Vélo & Territoires. |
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