Les députés ont adopté solennellement, mardi en fin d'après-midi, le projet de loi sur le Grand Paris. Ou plutôt l'acte I de ce vaste chantier, puisque le texte examiné en urgence (une seule lecture à l'Assemblée et au Sénat), ne vise que les transports et l'aménagement du plateau de Saclay. Après un semestre de préparation particulièrement houleux, plusieurs moutures successives et une mobilisation importante des élus, de gauche mais aussi de droite, les débats à l'Assemblée nationale sur le projet de Grand Paris ont tenu leurs promesses. Certes, le texte qui prévoit notamment la création d'une Société du Grand Paris a été peu modifié au cours de la discussion, mais la tension est encore palpable, qui vise le secrétaire d'Etat au développement de la région capitale Christian Blanc. La gauche s'est notamment inquiétée des conditions de financement du futur réseau de transports et n'a eu de cesse d'en référer aux propositions du rapporteur général du budget Gilles Carrez, restées lettre morte. Si Christian Blanc a bien confirmé un coût de 21 milliards d'euros pour le financement du grand huit, celui-ci sera en partie pris en charge par les 17 milliards du grand emprunt. Gilles Carrez a appelé l'Etat a ratifier le projet de Sdrif qui trace les grands axes de développement de l'Ile-de-France pour les années à venir. "Si l'Etat et la région ne trouvent pas un accord explicite, si les collectivités locales ne se reconnaissent pas dans le projet du Grand Paris, nous irons droit au blocage et nous accumulerons les retards", a averti Gilles Carrez. Alors que le projet de loi vise essentiellement à relier les pôles de compétitivité entre eux, le député du Val-de-Marne a appelé à "améliorer les déplacements domicile-travail". La question avait fait l'objet d'un débat lors du dernier Congrès des maires.
Les élus locaux ont obtenu quelques avancées, notamment une meilleure représentation des communes au sein du conseil d'administration de la Société du Grand Paris. Mais ils restent inquiets, notamment sur la question des "contrats de développement territorial" que les maires pourront signer avec l'Etat pour l'aménagement des quartiers autour des gares. En effet, l'Etat pourra disposer d'un droit de préemption principal. Henri Plagnol (UMP, Val-de-Marne) a dit craindre que les élus soient obligés de "négocier avec un pistolet sur la tempe".
Les dix équipes d'architectes, dont les travaux avaient été présentés à la Cité de l'achitecture le 29 avril dernier, lors du discours du président de la République, ont eux aussi exprimé leur colère depuis plusieurs semaines. Ils reprochent notamment au projet de maintenir un métro sous-terrain quand eux proposent un métro aérien, plus susceptible de créer du "lien social". L'un d'eux, Jean Nouvel, a carrément crié à "l'erreur de casting" et demandé le départ du secrétaire d'Etat. Pour calmer leur mécontentement, le Premier ministre les a réunis lundi à Matignon, où il a annoncé la création de l'Atelier international du Grand Paris (AIGP). L'AIGP doit permettre aux cabinets d'architectes impliqués de poursuivre collectivement leurs études "dans le cadre d'une structure ouverte et partenariale" associant également "l'Etat et les collectivités locales", indique Matignon dans un communiqué. L'AIGP sera installé au Palais de Tokyo (XVIe arrondissement). "D'ores et déjà 2 millions d'euros de crédits d'étude sont mobilisés sur le budget de l'Etat pour lancer des appels d'offres dans les prochaines semaines", ajoute Matignon.
M.T. Avec AFP
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