"Pousse-toi de là que je m'y mette" : c'est la tendance qui ressort de la 3e édition de l’étude sur le "Partage de la route" commandée par la Fondation Vinci autoroutes et publiée ce 8 novembre. Cette enquête, menée tous les ans par Ipsos en s'appuyant sur les réponses de 12.400 Européens (dans 11 pays), dont 2.400 Français, étudie spécifiquement les comportements des usagers confrontés à la cohabitation entre différents modes de déplacement.
"Quel que soit le mode de déplacement, la cohabitation avec les autres usagers est source d'anxiété et de tensions", insiste d'emblée l'étude. La majorité des usagers témoignent "d'un climat particulièrement anxiogène sur la route". Ils sont 96% en France et 93% en Europe à se sentir en insécurité à cause du comportement des autres. 95% des piétons en France ont peur qu’un automobiliste ne s’arrête pas pour les laisser passer, alors qu’ils sont engagés sur un passage piéton. La peur de l’agressivité des conducteurs motorisés est aussi très largement soulignée par l’ensemble des usagers.
A chacun sa façon d'empiéter sur l'espace des autres
"Le manque d'espace, la densité du trafic ou tout simplement la recherche de plus de sécurité sont autant de motivations à empiéter sur les espaces réservés aux autres usagers de la route au prix de leur mise en danger", souligne l'étude. Par exemple, les trottoirs sont trop souvent occupés par les cyclistes et les motards au détriment des piétons, relève-t-elle. 60% des cyclistes français (72% en Europe) disent régulièrement emprunter le trottoir. Conséquence, 82% des piétons français (64% des européens) déclarent "avoir déjà été frôlés par un vélo, une trottinette ou un hoverboard".
Même constat pour les sas vélo qui doivent permettre aux cyclistes de se positionner en amont des véhicules motorisés aux feux rouges. "57% des motards et 33% des automobilistes admettent s'y arrêter" en France, soutient le baromètre, alors qu'ils sont censés rendre les cyclistes plus visibles. 50% des motards reconnaissent en outre emprunter les pistes cyclables et 13% des automobilistes en France admettent utiliser les pistes cyclables pour stationner - 18% en Europe.
28% des automobilistes français avouent régulièrement se garer en double file, 13% admettent emprunter les voies de bus, 12% reconnaissent utiliser des emplacements réservés aux personnes en situation de handicap et 13% les places dédiées aux véhicules électriques. Autre comportement dangereux vis-à-vis des cyclistes, 39% des automobilistes avouent ouvrir leur portière sans vérifier leur présence à proximité.
Le respect du code de la route reste aussi aléatoire puisque 67% des automobilistes français reconnaissent passer au feu orange ou rouge, tout comme 41% des cyclistes tandis que 70% des piétons admettent traverser au rouge contre seulement 56% dans les autres pays européens.
Un sentiment d'insécurité qui continue de freiner la pratique du vélo en France
Malgré ce sentiment diffus d'insécurité, la pratique du vélo continue de progresser en France pour les déplacements du quotidien mais reste largement inférieure à la moyenne européenne. Les Français sont 13% (+2 points par rapport à 2020) à utiliser régulièrement le vélo contre 22% en moyenne dans les autres pays européens. Dans les agglomérations françaises de 200.000 habitants et plus, la pratique régulière du vélo est plus importante (15% contre13% pour la moyenne nationale). Les cyclistes réguliers sont notamment plus nombreux dans les régions Hauts-de-France (18%), Auvergne-Rhône-Alpes, Grand-Est et Provence-Alpes-Côte d’Azur (17%).
En Europe, les Néerlandais sont les champions de la catégorie puisque 58% des personnes interrogées disent régulièrement recourir au vélo, "largement devant les Belges (28%), les Polonais (27%) et les Allemands (26%)", selon le baromètre. Les Français se placent en 8e position à égalité avec les Grecs (13%), juste devant les Britanniques (10%) et les Espagnols (9%). En ce qui concerne la marche, ce sont les Grecs qui la pratiquent le plus (78 %) et les Belges le moins (50%).
Frein à la pratique du vélo, le sentiment d'insécurité est particulièrement fort en France où seulement 60% des cyclistes disent se sentir en sécurité sur la route contre 80% en moyenne en Europe et 93% aux Pays-Bas, là où la pratique du vélo est la plus répandue. L’accidentalité en France varie également selon les territoires. Ainsi, la mortalité cycliste a augmenté de 20% par rapport à 2019 en milieu urbain - pour une augmentation de la pratique de 34% - et de 44% hors agglomération pour une augmentation de la pratique de 18%.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFop5qqpJa0pnnDnmSlmV2nvLbAxGajnqaWmr9ur8Ssq2aklah6osHTq5ysZaOaubC6jK6lnmWVqcKlsYymnKedlWKxorrSZmhqZaCWxrR5xK6pqKiVmru0