Une piscine devenue tiers lieu Sainte-Genevive-des-Bois (91)

September 2024 · 4 minute read

Transformer un bassin en piste de danse, adapter des anciens vestiaires pour en faire des bureaux, aménager une terrasse agréable... Au sein de la bien nommée « Piscine d’en face », tiers lieu situé à Sainte-Geneviève-des-Bois, la ville a fait tout cela à la fois, et bien plus encore.

« C’est une piscine qui datait des années 1970. Devenue vétuste, elle avait été fermée en 2008 », se souvient Jean-Pierre Vimard, adjoint au maire, en charge de l’habitat, de l’urbanisme et de la démocratie d’implication. Dans le même temps, la communauté d’agglomération crée un centre nautique juste en face de l’ancienne piscine. Voilà pourquoi, en 2015, la ville lance une vaste concertation sur le devenir de cette infrastructure de 2 000 m2 qui compte, entre autres, deux bassins. Les Génovéfains expriment alors un fort attachement au lieu. Il s’agit de le garder ouvert au public.

« Garder le lieu dans son jus »

C’est ainsi que naît l’idée d’un tiers lieu qui soit un lieu d’activité mais aussi d’attractivité, permettant de remplir bien des fonctions : festivals de musique, vide-greniers, opéra, exposition de plantes, lieu opérationnel durant la crise Covid… Inauguré en novembre 2019, ce tiers lieu devient ainsi une pépinière collaborative multi-activités. « Nous avons confié le projet à l’architecte Julien Beller, ajoute Jean-Pierre Vimard. Il nous a convaincus de garder le lieu dans son jus. » Si bien que les travaux ont surtout consisté en un réaménagement des installations intérieures, essentiellement à l’aide de structures en bois. Les anciens bassins sont ainsi conservés, et revêtent un usage différent selon les jours (piste de danse, lieu d’exposition ou autre). Même le sous-sol a été réinvesti. Il abritait initialement le local technique, il est aujourd’hui occupé par des studios d’enregistrement !

Pour la commune, le choix d’une rénovation s’est avéré gagnant : « Le coût de cette infrastructure a représenté 1 000 euros par mètre carré, précise Jean-Pierre Vimard. Le budget global s’est élevé à environ 2,5 millions d’euros. Alors que la seule démolition nous aurait coûté un million d’euros ! »

Au-delà des aspects architecturaux, c’est surtout l’animation du lieu qui le rend insolite. Car, en plus d’accueillir des événements, il abrite aussi 38 locataires, dont un tiers d’associations représentatives de l’économie sociale et solidaire (ESS), un tiers d’entreprises et un tiers de structures culturelles. « C’est un équilibre que nous tenons à garder, insiste Jean-Pierre Vimard. C’est cela qui fait la richesse des propositions d’activités. » Car, en échange d’un loyer modéré, les résidents participent bénévolement à l’animation de la Piscine d’en face, en fonction de leurs compétences. La ville, quant à elle, met à disposition deux agents pour assurer la coordination de l’animation, ainsi qu’un gardien.

Des résultats palpables

Dans une étude d’impact publiée en novembre 2020, le Céréma constate les bénéfices de la Piscine d’en face pour son territoire : « Les évènements proposés sont divers, intergénérationnels, adaptés au grand public (gardes d'enfants pendant les soirées, sécurité…). La provenance du public dépasse les limites communales. En 2019, la piscine a reçu 30 000 visiteurs. » Des visiteurs venant de toute l’Essonne. Autre aspect positif relevé par le Céréma : « Les loyers modérés des bureaux et salles, ainsi que l'aspect collaboratif du projet attirent de nombreuses candidatures d'occupations ; les locations sont en flux tendus. »

Seul un aspect s’est avéré particulièrement complexe : le passage de la crise covid. « Après seulement une année de fonctionnement, la crise a été révélatrice du rôle central de la commune, venue en soutien aux résidents de la structure, et permettant ainsi au projet de perdurer », confie Jean-Pierre Vimard. Et pour ce qui concerne la gestion collaborative : « Nous en avons vu les limites. Faire porter un tel lieu par une association [des résidents, NDLR], comme nous avons voulu le faire au départ, était sans doute un peu trop ambitieux. Cela demande beaucoup trop d’engagement. Car c’est un ERP classé 2 »*, confie Jean-Pierre Vimard. Voilà pourquoi la Ville en a repris la gestion via une régie municipale. Pour autant, l’esprit collaboratif, avec la multiplicité des interactions entre résidents, a été conservé. C’est d’ailleurs toute la force de la Piscine d’en face.

*les Établissements recevant du public (ERP) sont classés en plusieurs catégories.

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